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À Boulogne-Billancourt, au 17 rue des Quatre-Cheminées, Déchelette Architecture a réalisé un immeuble de quatre étages, ainsi qu’un commerce en structure bois et matériaux biosourcés. Un bel exercice de frugalité qui a abouti à un résultat remarquable.

 Par Sipane Hoh

En janvier 2021, Seine Ouest Habitat et Patrimoine (SOHP) a lancé un concours pour la réalisation d’un immeuble en structure bois à Boulogne-Billancourt. Déchelette Architecture a été lauréate. La proposition de l’agence d’architecture établie à Paris consistait à la mise en œuvre de la terre crue autoportante sur quatre niveaux de façade. Une idée qui a séduit la maîtrise d’ouvrage et a constitué une première pour des logements collectifs en France. Il faut préciser que l’agence d’architecture, fondée par une sœur et un frère conscients des enjeux écologiques de notre époque, privilégie dès sa création la mise en œuvre de matériaux à faible impact environnemental. Le projet de Boulogne-Billancourt en est le témoin.

Optimisation des divers services

L’ensemble prend place dans une rue de la ville à l’architecture faubourienne qui croise plusieurs styles et époques. S’élevant sur cinq étages dont une toiture végétalisée, l’ensemble, qui se déploie sur une parcelle profonde, réserve la partie arrière pour l’installation d’un jardin paysager. La façade avant vient ainsi s’aligner sur la route. Articulée autour d’un noyau central, la construction comporte deux appartements traversants à chaque étage et organisés tels que les pièces de séjour donnent sur la rue tandis que les chambres dotées de grands balcons s’installent côté jardin. Les intérieurs sont généreusement éclairés et les divers besoins énergétiques du bâtiment sont optimisés grâce à la transversalité des appartements.

Des matériaux bruts et biosourcés

Dans leur quête vers l’économie d’énergie et la durabilité des bâtiments, Déchelette Architecture s’est tournée, depuis toujours, vers des matériaux bruts et biosourcés. Mis à part la dalle du rez-de-chaussée et du noyau contenant la circulation verticale, l’édifice est confectionné à partir de trois matériaux biosourcés. Ces derniers, non transformés, témoignent de la volonté des architectes d’introduire plusieurs cultures constructives alliant le bon sens et la sobriété. Le choix de la pierre, la terre crue et le bois était donc décisif. Cependant, cet exercice n’a jamais été facile à appliquer et encore moins pour un immeuble de logements collectifs en France. Mais les architectes n’ont pas baissé les bras. Ils ont élaboré avec la plus grande justesse une façade autoportante conçue en pisé préfabriqué avec un socle en pierre de taille. Soulignons que la façade a été assemblée comme un lego en peu de temps. Il a fallu seulement quelques jours pour empiler les différents blocs séchés auparavant dans un atelier de la région lyonnaise, d’où provient également la terre. Cette matière millénaire aux diverses qualités fait ainsi son retour dans la construction. Cet exploit a été réalisé en collaboration avec Terrio, la jeune entreprise spécialisée dans la fabrication de blocs préfabriqués en terre crue et qui a été appelée également à la mise en exécution du gros œuvre. Rappelons que les huisseries et divers éléments structurels ont été réalisés en bois. Grâce à l’utilisation de ces matériaux, l’ensemble a atteint le label HQE niveau 3.

Un chantier hors-site

À l’exception de la dalle du rez-de-chaussée qui a été coulée sur place, le reste du chantier a été conçu hors-site. Une démarche essentielle pour une frugalité assumée. Grâce à la préfabrication hors-site, le temps de chantier a été considérablement réduit, diminuant à son tour tout risque d’incidents. La réduction du coût est aussi à prendre en considération. Grâce à cette méthode la mise en œuvre a coûté moins cher, sans parler de la facilité de l’assemblage qui a évité de multiples désagréments, comme la nuisance sonore et les déchets. Les architectes nous expliquent que tous les blocs de pisé ont été façonnés dans des coffrages individuels, grâce à un pisoir pneumatique monté sur portique et séchés dans leur atelier avant d’être transportés sur site, puis assemblés en un mois par trois maçons. Ce qui correspond entre 12 et 15 m² de murs de façade posés par jour. Un pari gagné avec brio ! A Boulogne-Billancourt, Déchelette Architecture a accompli une architecture compacte, simple et vertueuse qui constitue un exemple de frugalité !

 Toutes les photos : © Salem Mostefaoui