Allons à la rencontre d'Antoine Vallet et de Guillaume de Martinis, les deux fondateurs de l'agence Vallet de Martinis Architectes qui nous font découvrir leur univers parsemé d'une multitude de projets.
Installée à Paris et à Bordeaux, l’agence fondée en 2003 à Paris est dirigée actuellement par Antoine Vallet et Guillaume de Martinis, deux amis de longue date qui ont concouru ensemble à moults projets. Aujourd’hui, l’agence enregistre des références multiples pour des réalisations variées avec un fil conducteur, le souci du détail.
Par Sipane Hoh
© Charly Broyez
L’agence Vallet de Martinis conçoit, dès sa formation, tout type de programme. Il s’agit d’une multitude de projets résidentiels, éducatifs, tertiaires mais aussi de santé. Un bon nombre de réalisations se distinguent par leur aspect minimaliste. Un minimalisme recherché qui met en avant le savoir-faire du duo concernant le travail sur la matière. Entre perfection et finition, les projets aboutis dégagent ainsi, malgré leur dimension, une sensibilité. Selon le duo, « le plus exaltant serait de découvrir un nouveau programme ». En effet, les architectes qui ont un savoir-faire étendu dans plusieurs sortes d’équipements qu’ils ont réalisés, aimeraient aussi de temps en temps participer à des concours inédits. Mais comme le principe des candidatures est assez contraint et que pour concourir il faut avoir des références dans le même type de programme, l’accès à la réalisation de certains équipements se réduit et les ambitions des architectes avec. Ceci n’empêche pas ces derniers d'innover au sein même d’un programme, de proposer autant que possible des idées créatrices et de mettre en application des nouveaux préceptes. Toujours est-il que l’agence d’architecture, qui fête cette année ses vingt ans d’existence, ne cesse de se questionner pour répondre au mieux et d’une manière appropriée aux diverses contraintes d’un projet. Présentons, parmi un large panel, quelques-unes de leurs réalisations.
© Jeudi Wang
© Jeudi Wang
Extension et réhabilitation d’un groupe scolaire à Paray-Vieille-Poste
L’agence Vallet de Martinis a été mandatée pour mener à bien le projet d’extension et de réhabilitation du groupe scolaire Paul Bert, situé à Paray-Vieille-Poste. Un ensemble datant de 1957, qu’il a fallu mettre aux normes actuelles. Conscients des diverses qualités de la bâtisse comme la trame et les ouvertures, les architectes ont décidé de trouver une solution à la façade orientée plein sud qui posait des problèmes de surchauffe. Pour cela, il a été décidé d’ajouter une large coursive en bois à la façade sud. Un geste censé protéger des rayonnements directs du soleil tout en redéfinissant les usages d’accès aux cours de récréation. « Nous avons conçu ce projet en nous mettant à la place d’un enfant, en imaginant un scénario d’une journée type depuis son entrée le matin jusqu’à sa sortie le soir. » Déclarent les architectes qui ont conçu une extension qui occupe une place centrale. Il en découle deux cours distinctes autour desquelles prennent place les volumes du groupe scolaire. En inversant les écoles par rapport à l’état actuel, les architectes ont facilité une organisation jusque-là complexe. Et comme l’ensemble est situé dans un quartier d’habitat individuel, le groupe scolaire devait, selon les architectes, établir une liaison douce avec son environnement. Cela a été accentué grâce à une végétalisation qui non seulement a créé une unité avec le square mais également un îlot de fraicheur. Tous les ingrédients étaient bons pour que l’ancienne école défraîchie devienne un véritable lieu d’enseignement aux multiples qualités.
© Vallet de Martinis
© Ivan Marthie
Restructuration d’un EHPAD de 82 lits à Castelneau-de-Médoc
L’agence Vallet de Martinis a réalisé à Castelnau-de-Médoc, au milieu d’un quartier résidentiel peu dense, un nouvel EHPAD de quatre-vingt-deux lits. Il s’agit d’un groupement de pavillons qui s’inspirent de l’architecture locale et adoptent des toits à deux ou quatre pans en tuiles brunes. Les architectes nous racontent que l’opération a été menée en site occupé. C’est un travail complexe et minutieux qui a fini par donner naissance à une construction qui ressemble à un attrayant petit bourg avec ses maisonnées agencées autour d’un patio. Dans leur geste architectural, le duo a remarqué l’attachement du personnel et des résidents au pavillon de restauration, une bâtisse en bon état dont la structure offre de grandes possibilités d’aménagement. De ce fait, ils ont opté pour la conservation de ce lieu de vie. Outre les chambres des résidents, une grande importance a été portée à l’aménagement de la salle à manger qui constitue un lieu important de convivialité et de rencontre pour ce type d’établissement. Ainsi, la salle à manger a été aménagée sur un modèle plus proche de l’hôtellerie que des grands réfectoires impersonnels, en découpant le grand volume par des meubles mobiles sur roulettes. Une astuce qui permet le réagencement de l’espace selon les souhaits et les exigences futures. Les architectes ont opté pour un ensemble compact et lumineux qui facilite le fonctionnement dans un tel établissement. Tout a été minutieusement élaboré pour le plus grand confort des utilisateurs des lieux.
© Jeudi Wang
© Jeudi Wang
Groupe scolaire et ALSH (Accueil de Loisirs sans Hébergement) à Brétigny-sur-Orge
A Brétigny-sur-Orge, l’agence Vallet de Martinis a réalisé un programme comportant une école maternelle, une école élémentaire, un pôle de restauration et un accueil de loisirs sans hébergement. Le tout dans un environnement hétéroclite ponctué par les Joncs Marins, le Jardin de traverse ainsi qu’une multitude de logements collectifs et des petites maisons. Composé de trois volumes dans lesquels prennent place trois entités programmatiques distinctes, l’ensemble occupe toute la parcelle et se distingue par sa trame visible à l’extérieur comme à l’intérieur. Pour mieux ancrer le projet dans son environnement, il a été décidé d’opter pour un traitement spécifique. Ainsi, chaque façade possède son traitement indépendant selon son orientation et son emplacement. Une décision assumée par les architectes qui ont jonglé savamment entre le plein et le vide pour créer une entité poreuse où chaque hall est en lien direct avec un extérieur, les cours pour les écoles et les patios pour l’accueil périscolaire. Soulignons par ailleurs que les circulations tiennent une place prépondérante dans le fonctionnement général de l’établissement scolaire. C’est pour cette raison que ce projet opte pour la largeur confortable de deux mètres concernant les couloirs ponctués par des interstices et dotés d’assises intégrées aux parois. Des petites astuces qui en disent long sur le savoir-faire des architectes. D’un point de vue environnemental, ce projet a été conçu sur les bases du GIEC 2050. Ainsi, la part belle est faite aux matériaux biosourcés et géosourcés. La structure poteau poutre en béton est complétée par une façade à ossature bois, isolée en laine de bois et recouverte d’une double peau en brique de terre cuite. Ayant fait l’objet d’une Appréciation Technique d'Expérimentation (ATEx), on trouve à l’intérieur de la brique de terre crue sur l’ensemble des séparatifs entres salles de classe et circulation, des plafonds en fibre de bois et des sols souples en linoleum.
© Vincent Atelier
© Vincent Atelier
Complexe éducatif 12 classes à Plaisance-du-Touch
A Plaisance-du-Touch, au sein de la ZAC de la Sabla, Antoine Vallet et Guillaume de Martinis ont conçu un complexe éducatif qui prend place sur une parcelle située entre une place publique et une promenade verte. Les architectes ont opté pour deux entités distinctes séparées par une venelle qui devient privée aux heures voulues, se prolonge vers la limite du terrain et se reconnecte aux parcours paysagers. Les différentes entrées de l’établissement s’implantent sur toute la longueur de la venelle en facilitant ainsi les flux de circulation. Le béton est le principal matériau utilisé pour la construction du complexe éducatif de Plaisance-du-Touch. Il s’agit là d’un hommage rendu, selon les architectes, au passé industriel du site où se trouve également l’usine de fabrique de buse en béton. Cependant, le béton utilisé dans la construction est innovant. Les architectes ont eu recours à un remplissage des façades en béton bas carbone. De même, la ventilation naturelle est privilégiée et les espaces particulièrement exposés au soleil sont protégés par un double dispositif de grande casquette en béton ainsi que de brises soleils orientables. Le projet de Plaisance-du-Touch est non seulement un complexe qui s’adapte à son contexte mais il concentre de multiples qualités sociales, éducatives et environnementales.
© Léo Pollard
© Léo Pollard
Centre Educatif Fermé à Rochefort
Le Centre Educatif Fermé est un projet atypique que les architectes de l’agence Vallet de Martinis ont conçu avec justesse. L’ensemble, en cours de construction, s’organise autour d’un patio planté de forme ronde qui joue le rôle d’une rotule qui articule toutes les parties du programme. Il s’agit d’un espace paysagé libre d’accès, qui prend place au cœur même du projet où se trouvent plusieurs assises pour y discuter ou s’isoler tout en restant visible de tous. Le projet consiste à accueillir des adolescents de douze à dix-huit ans ayant des problèmes avec la justice, des personnes au parcours très compliqué pour les aider à reprendre un cours de vie normale et les épauler pour pouvoir continuer le parcours scolaire. Les architectes ont souhaité donner un aspect domestique à l’ensemble. Pour cela, ils ont puisé dans l’architecture vernaculaire et notamment dans l’archétype de la longère charentaise. L’idée de concevoir une très grande maison a fait son chemin. L’ensemble est non seulement esthétiquement inséré dans son environnement mais il présente plusieurs procédés bioclimatiques. Donnons l’exemple des baies disposées sur les trois façades, est, sud et ouest, impactées par un grand ensoleillement où les architectes ont eu recours à des menuiseries en retrait. Quant au patio, il participe par effet de convection à la ventilation naturelle du bâtiment. Le Centre Educatif Fermé devient, grâce à son architecture, un lieu adapté à son voisinage à l’échelle humaine. Il prend l’apparence d’une grande maison prête à accueillir des adolescents pour les soutenir et les aider.
Mis à part des réalisations usuelles, l’agence Vallet de Martinis a aussi réalisé des projets aux programmes inédits, comme un crématorium ou une base hélicoptère. Des constructions maniées avec la plus grande habileté par un duo en appétence d’apprendre et de progresser.