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Quand l'architecte est le maître d'ouvrage

21 avril 2022

L'une des tâches de construction les plus difficiles pour un architecte est probablement la conception de sa propre maison. Dans ce nouveau numéro de notre newsletter, nous vous présentons un exemple international réussi d'un architecte qui a relevé ce défi particulier.

 

Rendre l'impossible possible : L'architecte suisse Gus Wüstemann a réussi à rendre l'habitat un peu plus juste.

 

 



La magie de la petite échelle. Les unités d'habitation de la Langgrütstraße paraissent plus grandes qu'elles ne le sont en réalité grâce à des guidages visuels réussis.

 

 

Bien sûr, il est toujours agréable de voir de magnifiques bâtiments briller en grandes images dans les magazines et les revues. Cela stimule les fantasmes, éveille les désirs et mobilise les envies. Mais ce qui est encore plus beau, ce sont les architectures qui deviennent tangibles en étant abordables et qui, au final, ne doivent pas rester un simple rêve pour de nombreuses personnes.

 

 



Une beauté sans limites. L'espace intérieur et l'espace extérieur se fondent l'un dans l'autre pour former une unité spatiale.

 

 

Le bureau d'architectes suisse Gus Wüstemann architects a été chargé par la fondation I+B Baechi de créer précisément, à Zurich, une telle architecture: des logements abordables, mais qui ne font pas de compromis sur la qualité. Gus Wüstemann a relevé le défi et a développé, avec l'immeuble d'habitation situé au 107 de la Langgrütstrasse, un projet exemplaire qui prouve qu'avec des interventions ciblées sur la lumière et l'espace, tout en réduisant les standards, il est possible de créer des espaces d'habitation généreux, sans aucun surcoût économique. "De nos jours, un changement de mentalité est nécessaire. La durabilité au sens de moins pour l'individu, mais plus pour la communauté, devient de plus en plus importante. Dans l'architecture, ici dans la construction de logements, nous montrons avec ce projet comment le déplacement de l'accent mis sur les connotations et les normes vers le moment spatial et la qualité de l'espace permet justement d'atteindre cet objectif", explique Gus Wüstemann à propos de son approche de la conception.

 

 



La qualité de l'espace comme mesure de toute chose : Ce n'est pas la taille qui compte, mais l'effet que produit l'espace ; c'est ce qui est décisif.

 

Au milieu d'une structure de lotissements composée d'immeubles simples des années 1950 disposés à angle droit les uns par rapport aux autres et qui se caractérise par la présence d'espaces verts avec des jardins aux dimensions généreuses, le bâtiment en béton massif avec un coffrage organique abrite quatre appartements de trois pièces et demie de 60 mètres carrés et cinq appartements de quatre pièces et demie de 90 mètres carrés, dans lesquels se reflète la nouvelle générosité. Tous sont orientés vers le sud et disposent d'une grande terrasse commune. Le soleil et la lumière jouent généralement un rôle important dans cette chorégraphie spatiale : dans les deux cours qui sont "découpées" dans le corps du bâtiment, les pièces d'habitation flottent comme des ponts et captent aussi bien les rayons du soleil du matin que ceux du soleil du soir. Les vues à travers les pièces d'habitation donnent l'impression qu'il s'agit en fait d'espaces extérieurs. Cet arrangement architectural raffiné crée un incroyable moment de grandeur dans un espace, en soi, petit.

 

 



Grâce à des détails raffinés et des éléments qui ne divisent l'espace que par fragments, la pièce reste toujours en mouvement.

 

 

Même la périphérie de l'espace de vie est perméable et transcende l'espace. Cela est rendu possible par la dissolution des éléments qui délimitent l'espace et qui, sous cette forme, ne sont pas perçus comme des cloisons mais comme des protagonistes communicatifs. L'homme est impliqué dans cette topographie de la masse. Elle se définit par un aménagement sur mesure définissant l'espace de toutes les zones, des vestiaires à la cuisine en passant par la banquette du salon. La salle de bain de l'appartement de quatre pièces et demie, par exemple, est séparée de la pièce commune par une porte coulissante qui ne touche jamais le sol. Le banc en béton qui sort du mur de la salle de bain crée un lieu, un moment de transition, dès l'entrée de la porte coulissante de la salle de bain. L'espace continue de s'écouler comme un continuum de la communauté, créant ainsi de l'intimité.

 




Toutes les pièces aux fonctions différentes ont été intégrées dans ce flux spatial continu.

 

 

Ce flux spatial se manifeste dès que l'on pénètre dans l'appartement : l'entrée est comprimée par une poutre en béton massif. On est guidé et le moment de l'entrée est saisi. Le sol en béton continu se rattache également au concept de flux ; il s'écoule dans toutes les chambres à coucher comme un fragment de ce qui est commun, mais se transforme ensuite en une surface en bois au sol de la chambre à coucher comme un nouveau niveau d'intimité. Gus Wüstemann parvient, par un geste architectural simple, à créer une ouverture, une continuité et donc une ampleur spatiale discrète qui transforme les unités d'habitation compactes en espaces de vie généreux.

 

Toutes les photo : © Bruno Helbling

 

Cet article est une traduction retravaillée
d'un texte écrit par Barbara Jahn

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